L'un appartient au corps, l'autre au cœur. L'un est pour ceux qui le divisent, pécheur, l'autre permis. L'un est lié au projet et à la parentalité, l'autre au présent et au plaisir. L'un est intra-couple, l'autre extra-couple. L'un ennuie, l'autre exalte et enflamme les sens. L'un peut survivre sans l'autre, et l'autre sans l'un. Ceux-ci, et bien d'autres, sont les faux mythes associés à la différence entre le sexe et l'amour. Ils incarnent tous un besoin atavique et inexplicable de séparer le sentiment de la sexualité, comme si le premier était violé ou amoindri par le second, et le second affaibli ou banalisé et terne par le premier. Dans l'imaginaire collectif, l'érotisme et l'amour semblent être des sœurs querelleuses : des colocataires impossibles dans une même relation. Aimer un partenaire avec qui on décide d'unir corps, cœur, sens et projet de vie, ce n'est pas le vouloir moins, surtout avec le temps qui passe, mais essayer de faire coexister deux éléments apparemment antithétiques : l'amour et le sexe.
Comment bien comprendre le concept ?
Dérubriquer de l'affectivité la part audacieuse et transgressive de la sexualité, ou en diminuer le volume, ne conduit pas à un choix judicieux en faveur de la relation, mais à un choix de renoncement, parfois porteur d'instances lugubres. Eros représente l'instinct de vie ainsi que l'élixir de longue vie des relations. Tenter de séparer le sexe de l'amour de manière chirurgicale et manichéenne est un acte malsain, entre autres absolument impossible, ce sont, au contraire, des conjectures mentales de type défensif pour endiguer et affaiblir la force de l'amour et l'intensité de la sexualité sur feu et chauffé par la sensation comme dans les films ou vidéos libertin porno et autres. « Il n'y a pas de sexe sans amour » a chanté Venditti en donnant des émotions à des millions de générations ; mais il n'y a même pas d'amour sans sexe, s'il faut vraiment essayer de manière acrobatique et circassienne de séparer ces deux aspects décidément indissociables l'un de l'autre.